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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 15:52

Je vous avais promis une visite guidée de Saint Laurent du Maroni, et la voici enfin !

 

Je suis très en retard car j'ai un piti bout de chou qui commence  à ramper partout avec une bouche ouverte à toute nouvelle expérience et qui me prend beaucoup de temps, de vigilence, de motivation et de patience pour pouvoir rester devant l'ordi et faire le blog. Mais qu'est-ce que je l'aime !!!

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Saint Laurent du Maroni, deuxième plus grande ville de Guyane (20 000 hbts), est située à environ 260 km de Cayenne, au bout de la route de l'Ouest.

 

De son passé colonial et d'administration pénitentiaire, Saint Laurent a hérité de monuments magnifiques qui parsèment un réseau de ruelles et rappellent que la ville a connu une certaine prospérité.

 

L'endroit était appelé la "pointe Bonaparte" mais cela ne dura pas longtemps.

 

Le pénitencier fut officiellement fondé en 1857. L'un des premiers commandants du pénitencier rêve de faire de cette région une grande exploitation agricole et forestière grâce à la main d'oeuvre de la transportation. Le gouverneur de l'époque, l'amiral Laurent Baudin décida que la commune porterait son prénom auquel on accolerait le nom du fleuve voisin.

 

Le territoire de 150 000 ha géré par l'Administration Pénitentiaire (AP) était un terrain de l'état affecté à un service public dont le decret du 30 mars 1860 avait fixé les limites.

 

Le territoire fut un "état dans l'état" dont la capitale est Saint Laurent. Il s'agissait de l'emplacement du camp central. Le conseil municipal n'était qu'en partie élu, les autres membres étaient nommés par l'AP, le maire était un fonctionnaire de l'AP directement sous l'autorité du directeur en place de l'AP.

 

Mais assez des blablas des bouquins (j'avoue  ) et place aux images (avec un peu d'explication quand même)...

 

 

Voici le bureau des douanes et des postes:

 

04.03.12 301(l'office de tourisme actuel)

 

Le 22 octobre 1842, le ministre des Finances mit en place le service des douanes de Guyane française. Ainsi fut construit entre 1903 et 1910 le bureau des postes et des douanes de Saint Laurent du Maroni. Son emplacement de choix, entre le quartier officiel et le quartier carcéral, permettait la surveillence de tous les produits débarqués sur l'appontement commercial.

 

 

Le trésor:

 

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Ce bâtiment a conservé ses fonctions initiales. Le receveur du trésor public vivait à l'étage et disposait de l'annexe reliée au rez-de-chaussée par une galerie couverte. Il était chargé de percevoir les taxes instaurées sur le territoire de la commune, telles que l'impôt de patentes versé par les concessionnaires installés dans le village et utilisé notamment pour la construction des bâtiments communaux.

 

La cantine des surveillants:

 

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Cet édifice aurait été construit après la Première Guerre mondiale pour être la cantinedes surveillants de l'administration pénitentiaire. On accède au rez-de-chaussée surélevé par un escalier à deux volées. Les facades sont rythmées par des poteaux et balustrades qui bordent la galerie supérieure. Les fenêtres du rez-de-chaussée sont encadrées de moulures, traitées en arc surbaissé dans leur partie supérieure, alors que l'étage est percé de simples baies rectangulaires.

 

 

Le tribunal:

 

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Pendant la période du bagne, existaient à Saint Laurent du Maroni, deux tribunaux. L'un était chargé de juger la population civile (le tribunal de première instance), l'autre de juger les crimes et délits commis par les bagnards en cours de peine (le tribunal maritime spécial). La construction d'un nouveau tribunal fut projetée dès 1897. Ce devait être un beau monument, "susceptible de contribuer à l'ornementation de Saint Laurent".

C'est ainsi que fut construit ce bel édifice néoclassique avec porche à colonnes qui fut réalisé après la Première Guerre mondiale. L'aménagement intérieur, entièrement en bois luxueux, fut retardé, comme en témoignait Albert Londres lors de son séjour en 1923:" Et le palais de justice, donc ! Il n'est pas terminé. Je dois même dire que, depuis cinq ans, il est en cet état, et qu'il s'abîme avant l'achèvement. On manque de bois !Il n'y a pas d'air, j'étouffe; les forêts m'entourent mais on manque de bois ! C'est tout de même un beau palais de justice."

 

 

La place de la république:

 

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Autrefois jardin à la française au centre duquel domine toujours une Marianne, la place de la république était un lieu de rencontres et de fête. Elle bordait également un ensemble de bâtiments dépendant de l'état major dont certains subsitent aujourd'hui.

 

L'appontement et la pesée:

 

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C'est dans ce port qu'arrivaient les détenus, le personnel de l'administration pénitentière et les civils (familles du personnel). On l'appelait appontement administratif, à la différence de l'appontement commercial, situé non loin du bureau des douanes et des postes. Le port, en forme de grand T, était constitué d'énormes madriers en bois de pays et couvert dans sa partie terrestre par un hangar destiné à protèger les cargaisons des intempéries.

S'avançant loin dansle fleuve à la perpendiculaire, il devait fournir une hauteur d'eau suffisemment importante pour l'accostage des bateaux: Deux fois par an, débarquaient 600 transportés et relégués partis de Saint Martin de Ré, à bord de la Martinière ou de la Loire. Lieu du déchargement des vivres, une balance permettait de peser les marchandises débarquées.

 

  L'hotel du directeur du bagne:

 

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Près de l'appontement, emplacement stratégique de  surveillance et de domination, avec le fleuve pour horizon, c"est ici que fut construite la résidence de l'homme le plus important de la colonie, le directeur du bagne de Guyane. Cet officier supérieur avait sous ses ordres les commandants des pénitenciers de Saint Laurent, de Saint Jean et des îles du Salut. C'est aujourd'hui la résidence du sous-préfet.

L'alternance briques et pierres confère au monument ce caractère si particulier qui en fait l'un des plus bels édifice de la ville. Son organisation centrale (au rez-de-chaussée, deux grandes pièces s'ouvrent sur une vaste galerie périphérique), ses entrées sur trois façades marquées par de larges escaliers, ses fenêtres symétriques coiffées d'un arc en plein cintre... tout lui donne l'allure d'une villa palladienne. Sa ahute toiture portée par des ouvrages en fer forgé assure l'écoulement des pluies, tandis que les balcons, lieu de vie et de réunion, permettent d'un côté de dominer la place où débarquent les détenus, de l'autre de contempler le fleuve à l'abri du soleil. Comme dans tout autre habitation de la ville, les fonctions secondaires tels que le logement des invités ou la cuisine ont été reportées sur l'annexe reliée au bâtiment principal par une longue galerie couverte. (Il fut classé monument historique le 4 juin 1993)

 

La maison du médecin major et celle du receveur des douanes:

 

 

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Le bâtiment voisin de la justice de paix fut d'abord la résidence du médecin-major, avant d'petre réservé au procureur à partir de 1893. Les bureaux du parquet se trouvaient au rez-de-chaussée et le logement du procureur à l'étage. La salle d'audience fut créée entre les deux bâtiments. Ce bâtiment entièrement en bois est sûrement l'un des plus anciens de Saint Laurent.

Situé aux abords de la place de la république, la maison du receveur des douanes a plusieurs fonctions. Une carte postale de 1909 la présente comme l'hôtel du medecin-chef. Un second plan, annoté en 1913, la désigne comme étant la maison du pharmacien-major. Enfin sa dernière fonction était celle de la maison du receveur des douanes.

 

Le logement des fonctionnaires:

 

  

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Je n'ai pas trouvé de plaque explicative sur ces logements.... ( Là, vous vous dites:" Ah mais c'est ça !!!! elle triche, elle recopie ce qui est écrit !!!". Ben oui, mais en même temps, comment voulez vous que je vous explique tout de mémoire? Je suis forte, mais quand même !!!!!)

 

Le couvent:

 

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là non plus mais maintenant, c'est une école.

 

L'église:

 

 

04.03.12 278 Avec le fil électrique qui va bien mais que je ne sais pas enlever avec le logiciel de retouche que je n'ai pas..... 

 

La mairie et la banque:

  

04.03.12 280 de derrière avec la jolie fontaine

 

04.03.12 287 De devant avec loulou... Et Bébé !!!!

 

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Et les deux ensemble en passant par la cour de la banque:

 

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l'école:

 

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Le palais de justice:

 

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Et enfin, le camp de la transportation:

 

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L'abolition de l'esclavage en 1848 et la révolution de 1848 amènent à revoir la politique de colonisation des terres lointaines, et notemment de la Guyane. En 1850, Louis Napoléon Bonaparte prononce le discours qui annonce la création des bagnes en Guyane:" 6000 condamnés enfermés dans nos bagnes grèvent le budget d'une charge énorme, se dépravant de plus en plus, et menacent incessamment la société. Il me semble possible de rendre la peine des travaux forcés plus efficace, plus moralisatrice, moins dispendieuse et plus humaine en l'utilisant aux progrès de la colonisation française."

 

En 1852, un premier convoi de forçats arrive sur les îles du Salut, rien n'a été préparé pour les recevoir. La loi qui définit la transportation est votée en 1854. Ainsi commence un siècle d'histoire pénale dans la colonie guyanaise. La colonisation pénale s'ammorce, comme l'ensemble des plans de colonisation tentés depuis le XVIIème siècle, dans la partie est de la région. Les conditions d'insalubrité poussent à la recherche de nouveaux sites d'implantation de la main d'oeuvre pénale. En 1857, le commandant Mélinon organise la construction de Saint Laurent du Maroni. officiellement inaugurée en 1858 par le gouverneur Auguste Laurent Baudin, Saint Laurent est avant tout dédiée à la trasportation. En 1880, la ville, qui peu à peu s'agrandi, se voit dotée de ce statut unique de "commune pénitentiaire". Forte de ses prérogatives, Saint Laurent du Maroni est construite par et pour les bagnards entre 1890 et 1930.

 

Les classes de transportés:

 

 

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 Les catégories de bagnards: La première chronologiquement (mais pas la plus importante en termes d'effectifs) ets la peine de la Déportation. Elle ne s'applique qu'aux prisonniers politiques qui sont le plus souvent envoyés sur les îles du Salut.

La deuxième, la peine de la Transportation, est créée en 1854. Elle condamne les criminels; jugés aux assises, aux travaux forcés dans les bagnes de Guyane et de Nouvelle-Calédonie.

La dernière peine, établie par la loi de 1885, est celle dite de la relégation. Il s'agit d'une peine d'éloignement à vie du territoire hexagonal, qui vient s'appliquer à la fin de la peine purgée dans les prisons françaises: elle concerne le plus souvent des petits "délinquants récidivistes". Les relégués sont emprisonnés au camp de Saint Jean du Maroni, dépendant de Saint Laurent.

 

Le tribunal maritime spécial est juste derrière le manguier...

 

La prison collective:

 

 

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Pas besoin de trop d'explications.... Je vous laisse juger par vous même des conditions des détenus. (En plus, on n'avait pas de guide).

 

 

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Voici l'unique porte de sortie, à l'autre bout du camp:

 

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Il y avait quand même quelques commodités:

 

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Deux lavoirs et ....

 

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Quelle intimité !!!!! Il y a trois autres trous en face, et tout ça était évacué par les trois petites portes que vous avez vues sur la photo précedente.

 

La cuisine:

 

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La cuisine a été construite entre 1889 et 1892, encadrée par deux salles: l'une servait pour les mesures anthropométriques, l'autre était la chapelle. C'est ici que les transportés venaient chercher leur nourriture à 10h et 17h. Bien souvent, une partie de la nourriture était détournée au profit de l'administration pénitentiaire. Le docteur Rousseau en témoigne:" Les travaux forcés sont une peine, la faim en est une autre. Il faut choisir entre ces deux peines, qui sont incompatibles, car il est impossible à un homme de travailler sans manger. L'AP a pourtant opté pour le cumul."

 

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La salle anthropométrique était destinée à établir le registre matricule du condamné. Dès l'arrivée, le forçat était photographié, mesurté et identifié.

L'Administration Pénitentiaire lui attribuait alors un numéro matricule qui devenait sien à jamais. Une fresque peinte par Emile Demaret, surveillant militaire, orne un des murs de la salle anthropométrique. Elle représente les armes du SPC, service pénitentiaire colonial.

 

 

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En 1895, il fut décidé de construire dans l'enceinte du camp de la transportation une chapelle très simple, où l'office était célébrée chaque dimanche, et devant laquelle les condamnés pouvaient assister à la messe: " Cette solution aura le grand avantage de réserver l'église du village pour le personnel libre".

Ainsi, à l'inverse des îles du Salut où les bagnards et les fonctionnaires-surveillants suivaient la messe ensemble, à Saint Laurent du Maroni, les bagnards suivaient l'office dans le camp.

 

 

La fin du bagne:

 

L'arrivée d'Albert Londres en 1923 et le retentissement international de ses articles ouvrent la longue période de la fin du bagne. C'est en 1938, sous l'égide du gouvernement Daladier, qu'un décret-loi supprime la transportation.

La Seconde Guerre mondiale va retarder la fermeture effective du bagne. Il faudra attendre 1946 pour que le camp de la transportation de Saint Laurent du Maroni ferme officiellement ses portes. Saint Laurent devient alors commune de plein exercice en 1949. Enfin, le dernier convoi de rapatriement des condamnés en direction de Saint Martin de Ré, sous la tutelle de l'armée du Salut, a lieu en 1953.

Au total, environ 70 000 condamnés furent détenus dans les camps du territoire du Maroni.

 

 

Et voilà !!!! La visite guidée de Saint Laurent du Maroni est terminée, j'espère qu'elle vous aura plu.

 

N'hésitez pas a laisser des commentaires, hisoire de me faire part de vos impression. A bientôt !!!!!!!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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commentaires

E
bonsoir, j'ai parcouru votre site avec intérêt.en fait,je m'intéresse à st laurent car, étant un petit neveu du père victor renault qui a été curé de Cayenne de 1925 à 1936 et aumonier de la<br /> léproserie de l'acarouany jusqu'à sa morten 1940, pourriez vous m'aider à trouver quelqu'un qui puisse faire une photo de sa tombe ! je vous en remercie par avance
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